Mesurer la souveraineté d’une entreprise (4 blocs)

Dans l’article précédent, nous avons défini la souveraineté stratégique d’entreprise et expliqué pourquoi elle est devenue un enjeu central en 2025. La prochaine étape est claire : savoir comment la mesurer de manière objective.

Open Sovereignty a développé une méthodologie unique, pensée pour s’adapter à tous les secteurs et à toutes les tailles d’entreprise, qu’il s’agisse d’une PME industrielle ou d’un grand groupe international.

Pourquoi mesurer plutôt que se fier à son intuition ?

De nombreux dirigeants pensent connaître leurs dépendances, mais les crises récentes ont montré que :

• Certaines vulnérabilités restent invisibles jusqu’à ce qu’elles se manifestent.

• Les interdépendances indirectes (rang 2 ou 3) peuvent avoir autant d’impact qu’un fournisseur direct.

• La perception des risques est souvent biaisée par l’expérience passée, et non par des données factuelles.

C’est là qu’intervient la méthode des 4 blocs de la méthodologie Open Sovereignty.

Les 4 blocs : une vision à 360° de la souveraineté

La méthodologie repose sur quatre axes complémentaires, chacun noté sur 100.
Le score global est la moyenne simple de ces quatre blocs, offrant une lecture claire et équilibrée.

Bloc 1 – Gouvernance

Objectif : évaluer la solidité juridique et le contrôle stratégique de l’entreprise.

Indicateurs clés :

• Pays d’immatriculation : un siège social situé en France ou dans l’UE bénéficie d’un score plus élevé grâce à la stabilité juridique et à la sécurité réglementaire.

• Pays de contrôle : localisation de la société mère, de la holding ou des actionnaires majoritaires.

• Conformité stratégique : absence de dirigeants ou d’actionnaires dans les listes de sanctions internationales (OFAC, UE) ou de personnes politiquement exposées (PEP).

• LCB-FT : vérification des risques liés au blanchiment et au financement du terrorisme.

Cadre UE : Pour les entreprises immatriculées dans un État membre, la politique commerciale extérieure est définie au niveau européen, ce qui assure un environnement réglementaire cohérent et prévisible pour les échanges internationaux.

Exemple : Une société française dont le capital est contrôlé par une holding située dans un pays allié obtiendra un meilleur score qu’une entreprise sous contrôle d’un pays sous sanctions.

Bloc 2 – Chiffre d’affaires

Objectif : mesurer la dépendance commerciale à certains marchés géographiques.

Indicateurs clés :

• Répartition géographique des clients : ventilation du chiffre d'affaires par pays.

• Pondération géopolitique :

  • FR = 100 points

  • UE = 75 points

  • Alliés = 60 points

  • Neutres = 50 points

  • Tensions = 25 points

  • Sanctions = 0 point

• Concentration des revenus : risque accru si une part importante du CA provient d’un seul pays à risque.

Cadre UE : Les accords commerciaux signés par l’Union peuvent ouvrir ou restreindre l’accès à certains marchés. Par exemple, un accord de libre-échange peut créer une opportunité stratégique dans un pays allié, mais une mesure antidumping peut réduire l’accès à un marché clé.

Exemple : Une entreprise agroalimentaire française vendant 60 % de sa production vers un seul pays classé “tensions” aura un score de chiffre d'affaires plus bas qu’une entreprise diversifiant ses ventes sur plusieurs zones UE et alliées.

Bloc 3 – Achats

Objectif : évaluer la résilience de la chaîne d’approvisionnement.

Indicateurs clés :

• Origine géopolitique des fournisseurs : analyse du rang 1 (direct) puis rang 2 et 3 (indirect).

• Dépendances critiques : matières premières stratégiques, composants uniques, monopoles de marché.

• Diversification : nombre et répartition des sources d’approvisionnement.

Cadre UE : Les politiques commerciales de l’UE influencent directement les conditions d’importation (droits de douane, quotas, normes). Certaines importations stratégiques peuvent être soumises à des licences ou restrictions.

Exemple : Un fabricant européen de batteries qui importe 80 % de ses métaux critiques d’un pays sous tension verra son score achats chuter, même s’il diversifie ses clients.

Bloc 4 – Numérique

Objectif : analyser la souveraineté des outils et infrastructures informatiques.

Indicateurs clés :

• Origine des prestataires cloud, API, logiciels critiques.

• Souveraineté numérique : utilisation de solutions européennes ou open source valorisée par un bonus.

• Risque juridique : exposition aux lois extraterritoriales comme le CLOUD Act américain.

Cadre UE : L’UE pousse au développement d’infrastructures numériques souveraines (projets GAIA-X, cloud de confiance) pour réduire la dépendance aux acteurs extra-européens.

Exemple : Une PME qui héberge ses données sur un cloud français certifié SecNumCloud obtiendra un meilleur score qu’une entreprise dépendant d’un fournisseur soumis au CLOUD Act.

Comment lire et interpréter le score SovTrack

Le score global SovTrack qui utilise la méthodologie Open Sovereignty est la moyenne simple des 4 blocs, chacun pesant 25 %.

• Score élevé (80-100) : forte autonomie stratégique, faible exposition aux risques.

• Score moyen (50-79) : dépendances identifiées, marge d’amélioration importante.

• Score faible (<50) : forte vulnérabilité, nécessitant un plan d’action prioritaire.

SovTrack fournit un radar visuel pour voir d’un coup d’œil la performance de chaque bloc et orienter les efforts d’amélioration.

Pourquoi cette méthode est adaptée aux entreprises de l’UE

• Elle intègre la réalité juridique de la compétence exclusive de l’UE en matière de commerce extérieur.

• Elle pondère les risques en fonction de la typologie géopolitique des pays.

• Elle combine données sectorielles (pour les entreprises qui n’ont pas encore fourni d’informations) et données déclaratives ou vérifiées.

• Elle simple, rapide et gratuite pour toutes les entreprises immatriculées dans l'UE.

Mesurer la souveraineté stratégique est essentiel… mais encore faut-il parler le même langage que ses clients, investisseurs et partenaires.

Dans le prochain article, découvrez le Lexique de la souveraineté stratégique appliquée aux entreprises : typologie géopolitique, fournisseurs de rang 1/rang 2, PEP, souveraineté numérique… tout ce qu’il faut savoir pour comprendre et utiliser un score SovTrack.